L'Algérie pendant la Seconde Guerre mondiale
1. Introduction :
La politique française en Algérie au début de la Seconde Guerre mondiale en 1939 fut un échec, car elle ne trouva pas de solution aux problèmes en jeu. Les conditions économiques menaçaient de famine, et les revendications des patriotes insistaient sur l'égalité des droits, et l'abolition des lois d'exception n'a pas trouvé une oreille au parlement français. Les projets de réforme proposés par certains Français, comme le projet Bloom Violet, ont également échoué. Pour ces raisons, la situation politique en Algérie était tendue, le Parti populaire algérien avait été dissous et ses dirigeants étaient en prison, tout comme le Parti communiste algérien. L’Association des savants musulmans algériens, elle a refusé de soutenir la France dans sa guerre. Quant aux députés et à l'élite, ils ont soutenu la France démocratique contre la dictature allemande.
2- La position des Algériens face à la guerre et à la France :
A- Officiers officiels : Le clergé officiel a pris position en faveur de la France et cela est apparu dans leurs télégrammes dans lesquels ils annonçaient des fatwas déclarant la nécessité de la guerre aux côtés de la France. La France a également gagné le soutien de grandes familles détentrices de médailles et de certificats, des vétérans des guerriers, de la secte des dirigeants, des pachaghas et des cheikhs arabes. Ceux-ci étaient l'intermédiaire entre la France et le peuple.
B - L'élite Algérienne
Les hommes de l'élite, de par leurs fonctions officielles, soutenaient la France. Et leurs dirigeants se sont portés volontaires pour servir les principes français qu'ils avaient étudiés dans les écoles, comme la liberté et la démocratie, mais ils ne les connaissaient pas dans la pratique. Lorsque la guerre a éclaté, Farhat Abbas s’est porté volontaire pour défendre la démocratie et la liberté, estimant que la France en est le symbole.
C- Le statu de l'Association des Savants Musulmans
Cheikh Abdul Hamid Ibn Badis est mort alors qu'il était assigné à résidence à un moment où la voix d'un leader représentant le peuple était nécessaire de toute urgence. La France a arrêté et exilé les dirigeants de l'Association des Savants, et malgré cela, l'association a poursuivi son mouvement et son travail de défense de l'islam et de la langue arabe dirigé par le cheikh Al-Bashir Al-Ibrahimi et a concentré ses activités sur l'éducation et certaines leçons de prédication et d'orientation.
D- Le statu du Parti Populaire Algérien
Bien que le Parti Populaire Algérien ait été dissous avant le déclenchement de la guerre mondiale, ses membres opéraient clandestinement. Et ils incitaient les musulmans du sud à se rebeller contre la France et à ne pas combattre leurs frères musulmans. La France a serré la vis au chef du parti, Messali Hajj, et à ses membres actifs, ce qui les a poussés à recourir à l'action
E- Le statu du Parti Communiste Algérien
En raison des mauvaises relations qui existaient entre l'Union soviétique et le gouvernement de Vichy, ce gouvernement a dissous le Parti Communiste Algérien et accusé les communistes d'Algérie de travailler contre lui. Le parti étant officiellement dissous, son activité était donc faible en 1940-1942. Son activité pratique est venue à la fin de 1942, après le débarquement des alliés en Afrique du Nord, renouvelant leur fidélité à l'Union soviétique.
3- Le débarquement des alliés en Algérie :
Le débarquement des forces alliées en Algérie le 8 novembre 1942 a constitué un événement historique marquant par ses répercussions sur le mouvement national algérien et la situation générale en Algérie. La descente de ces forces a été accueillie avec beaucoup de sympathie en raison de ce qu'elles ont apporté avec elles de nouveaux concepts de démocratie confirmés par la Charte de l'Atlantique signée par les alliés le 14 août 1941, qui comprend une référence au principe de la liberté de peuples à l'autodétermination et aux droits de l'homme, qui a coïncidé avec une bonne acceptation par les peuples soumis au joug du colonialisme anglais et français en Afrique et en Asie.
Farhat Abbas a pris l'initiative de soumettre un mémorandum aux représentants des États-Unis, du Royaume-Uni et du gouvernement général français en Algérie, reflétant les demandes des Algériens de lier la libération politique de l'Algérie à la libération de la France, et d’exiger une nouvelle loi politique basée sur la justice sociale, un mois après la descente des Alliés le 20 décembre 1942. Cette lettre demandait la convocation d'un colloque des représentants élus et qualifiés des organisations islamiques afin de contrôler les réformes nécessaires, et en retour de mobiliser les Algériens pour soutenir les alliés contre l'Axe.
4- Manifeste de Février 1943 :
La lettre de Farhat Abbas n'a pas reçu de réponse et les parties américaine et anglaise l'ont ignorée, affirmant qu'il s'agissait d'une question concernant les affaires intérieures de la France. Ce mépris a incité les dirigeants nationaux à élaborer un programme politique qui pose le problème du prochain régime. En conséquence, une réunion a eu lieu dans le cabinet de l'avocat Mendjel au cours du mois de décembre 1942, en présence du Dr Tazmali, représentant financier, Grici Ahmed, avocat général, Kadi Abdel Kader, président de l'Association des paysans, Dr. Lamine Dabaghine, membre du Parti populaire, les cheikhs l’Arbi Al-Tebsi et Khair Eddine, Ahmed Tawfik Al-Madani, le Dr Ibn Djaloul et Mouhamed Djamam qui ont discuté de la situation de l'Algérie et des problèmes de la guerre.
Ils ont convenu de publier un nouveau document dont la rédaction a été confiée à Farhat Abbas, puis il a été soumis aux Alliés, à la France, et au roi égyptien Farouk le 10 février 1943. La déclaration comprenait :
Condamner le colonialisme sous ses diverses formes et œuvrer à sa liquidation.
Appliquer le principe de l'autodétermination à tous les peuples.
Accorder aux Algériens leur propre constitution qui garantir la liberté et l'égalité de tous les résidents.
La libération des prisonniers politiques de tous les partis.
L’abolition de la propriété féodale et mettre en place des réformes agricoles.
L'administration française a mis du temps pour répondre aux demandes des Algériens afin de gagner du temps et par crainte de la situation tendue en Algérie, elle a adopté une politique de tergiversations. 5- Fondation du Mouvement des Amis du Manifeste et de la Liberté : En avril 1943, le général de Gaulle se rend à Constantine, où il annonce la création d'une commission d'étude des affaires civiles. Le 7 mars 1944, il publie un décret accordant la nationalité française à l'élite algérienne sans renoncer à son statut personnel, accordant des avantages financiers aux guerriers algériens et reportant l'examen de l'avenir de l'Algérie à la fin de la guerre. Face à ces prises de position, Farhat Abbas a créé le 14 mars 1944 le « Mouvement des Amis du Manifeste et de la Liberté », qui regroupe tous les éléments ayant contribué à la préparation de la déclaration. C'est une organisation devenue active et a attiré les espoirs des Algériens malgré leurs diverses orientations pendant la guerre et a exprimé leur adhésion au rejet de la politique française. Le mouvement a accroché des banderoles en arabe dans les villes algériennes les plus importantes, qui déclaraient "Non à la nationalité française, oui à la nationalité algérienne, à terre la nationalité française et vive la nationalité algérienne pour tous ». Farhat Abbas a contacté Messali al-Hajj dans son centre de détention au palais Al-Chalala, ainsi qu'avec des représentants d'érudits, et avec eux il a formé un front uni, et en est devenu le porte-parole. 6- La position des AML sur les élections dans la commune Des tracts secrets sont apparus appelant les Algériens à boycotter les élections municipales bloquées. En juin 1944, Farhat Abbas a déclaré que la situation était dangereuse et qu'il n'était pas possible d'attendre la libération de la France, alors que l'Algérie était toujours une terre française. Les Algériens ont alors appelé au boycott du vote et à ne pas s'inscrire dans la commission électorale française et ceux qui acceptaient la citoyenneté française étaient considères comme des infidèles et des traîtres. Farhat Abbas a promis aux AML de qu'ils travaillent pour distribuer la richesse aux paysans et qu'ils se dressent contre le féodalisme et les classes privilégiées, et qu'ils visent à établir une république algérienne liée à la France après s'être libéré de l'idée du colonialisme impérial. Alors que l'année 1944 touchait à sa fin, le mouvement national était plus politique, plus solidaire, et plus profondément expérimenté, en plus d'être entré avec les Français dans une ère de défi et d'affrontement qu'il n'avait pas connue auparavant, un défi qui s'est terminé avec la massacres du 8 mai 1945.