La célébration du centenaire de la colonisation française de l'Algérie 1830-1930
1. Introduction :
Le ton controversé des festivités du centenaire de l'occupation n'a pas commencé en 1930, mais est plutôt antérieur à cette date. L'administration française a adopté un certain nombre de mesures agressives contre les Algériens tout au long des années 1920, comme le transfert du gouverneur général Violet au dirigeant pro-colon Bordes en 1927, qui était connu pour son rôle dans la défaite du soulèvement des Aurès en 1916. La même année, une statue du général Lamoricière honorait le rôle des premiers commandants de l'occupation. Tous ces travaux se sont conclus par les festivités du centenaire de l'occupation.
2- Programme de la célébration :
Le gouvernement français a planifié à l'avance les célébrations, avec le gouverneur général, Pierre Bordes, chargé de superviser les préparatifs, pour lesquels une dépense massive de 130 millions de francs a été réservée. Les célébrations ont duré six mois, de Janvier au 5 Juillet 1930. Elles comprenaient de nombreuses activités représentées par des expositions de photographies illustrant l'histoire de la campagne militaire française ainsi que des photographies des généraux et des troupes qui ont mené les nombreuses opérations au XIXe siècle ainsi que l'organisation de défilés militaires massifs dans les villes pour démontrer la domination coloniale de la France et terrifier les Algériens. Une autre composante de la célébration consistait en des conférences et des discours prononcés dans plusieurs villes algériennes pour rappeler aux peuple l'implication militaire antérieure dans l'occupation algérienne et pour souligner le ferme souhait de la France de rester en Algérie. Parmi les manifestations figurent le lancement de nouvelles installations et entreprises et leur dénomination d'après des personnalités militaires, ainsi que des parades démontrant la façon dont l'armée française est entrée dans l'année 1830.
Les manifestations comprenaient par ailleurs l'édition par l'Académie d'Alger de livres et de chroniques pour les lecteurs intéressés par l'histoire de l'Algérie française. Les œuvres ont été publiées sous le titre "Le Groupe de la Celebration du Centenaire". D'une manière générale, la France a tout tenté pour démontrer ses succès dans l'Algérie colonisée d'une part, tout en attisant les sentiments algériens d'autre part. En conséquence, les partis nationaux ont adopté une position condamnant les familles pro-coloniales qui ont participé à ces festivités.
3 - Position des Algériens
Il est évident que les Algériens ont rejeté ces provocations françaises. Les politiciens ont décrit ce qui s'est passé comme "la mascarade de 1930", car le dicton suivant s'est répandu parmi les patriotes : "Ils - les Français - célèbrent le premier siècle, mais ils ne célébreront pas le second".
Le parti de l'Étoile Nord-Africaine a mené des activités politiques contre ces festivités en publiant une déclaration en arabe et en français en 1928, dans laquelle il condamnait tous les préparatifs précédant les célébrations, intitulée "La lutte contre l'impérialisme français".
Le parti a également publié une déclaration dans le journal Ikdam à l'été 1928 dans laquelle il a appelé les Algériens à célébrer à leur manière. "Préparez-vous à célébrer l'occupation de votre pays à votre manière en construisant un vaste mouvement anti-impérialiste." Même les partis algériens formés après 1930, comme l'Association des Savants Musulmans Algériens et le Parti Communiste Algérien, ont condamné les festivités du centenaire de l'occupation. Quant aux Algériens vivant en Europe, ils rejetaient et critiquaient ces festivités de la même manière. Un grand meeting a été organisé à Berlin sous la houlette du « Comité du Maghreb Arabe », et une déclaration critiquant la célébration française a été publiée sous le titre : « Un siècle de servitude des musulmans algériens sous la persécution française ».
Avec leurs festivités précitées, les Français ont ainsi infligé une blessure profonde dans la mémoire des Algériens.