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La rennaissance Algérienne moderne

Premièrement : Éléments internes pour la Renaissance algérienne :

1. La stérilité de la lutte populaire armée (1830-1916) :

Face à l'expansion française et à sa politique impitoyable, le peuple algérien a combattu avec succès plusieurs résistances. Malgré leurs nombreuses manifestations et leurs résonances variées, ces révolutions ont échoué pour un certain nombre de raisons, notamment :

  • Le positionnement de la résistance dans une zone limitée a facilité son élimination par l'armée française, notamment en raison de sa spontanéité et de son manque de structure, ainsi que du manque de coopération entre les tribus rebelles.

  • Les Français ont brutalement réprimé ces soulèvements d’une manière rarement égalée dans l'histoire. Les armées destructrices de la France ont commis des actes de meurtre, de sabotage, d'incendie, de pillage, de déplacement et de décapitation qui ne peuvent être décrits.

Malgré les dires sur la résistance et le soulèvement algériens qu'elle n'a pas remporté de succès militaire, en raison de la force de l'armée française, elle a pu établir l'esprit révolutionnaire dans les âmes.

2. Politique Française Abusive :

Pour atteindre son objectif, la France a utilisé tous les moyens disponibles, y compris la guerre d'extermination contre le peuple algérien, et il suffit de lire ce que ces commandants français avaient à dire sur leurs campagnes pour avoir une idée de ce que nos ancêtres ont vécu à la suite du colonialisme. Le colonel Demonitagnac décrit les lettres d'un soldat dans son livre " Lettres d'un Soldat " : " Nous étions au milieu du pays et notre seul souci était de brûler, de tuer, de saboter jusqu'à ce qu’a laisser la terre à nu. Certaines tribus nous résistent encore, mais nous les chassons de toutes parts jusqu'à ce que les femmes et les enfants soient entre captivité et sacrifice, et le butin soit pris en 1842...".

Ces activités n'ont fait que ternir l'image de l'armée française. Les révolutionnaires algériens, en revanche, les ont rendus plus défiants et plus puissants, comme le dit Pélissier de Reymand : « Je n'ai pas honte de proclamer que la gloire du vaincu a dépassé celle du vainqueur.

Deuxièmement : Éléments externes pour l'émergence de la Renaissance :

1. La League Islamique :

Les premiers pionniers de ce mouvement, qui a commencé dans la dernière partie du XIXe siècle, étaient Al-Afghani, Al-Kawakibi et Mohamed Abdou.

Les Algériens ont été touchés par les croyances de la League Islamique en matière de fraternité, de coopération religieuse et sociale, car ils ont appris ces concepts et de nouvelles opinions via les journaux et la littérature apportés en Algérie par les pèlerins algériens, par exemple. La League Islamique a également joué un rôle dans l'incitation des algériens à migrer vers le moyen orient, et ses revues ont contribué à la formulation de la cause algérienne et à sa résistance au contrôle français.

En raison de la peur de l'administration coloniale face à la propagande de la League Islamique, il a été décidé de fermer les cafés et de déporter, exiler ou emprisonner tout algérien soupçonné de propager ses principes.


2. Visite de Mohamed Abdou en Algérie en 1903 :

Certains des dirigeants de la League Islamique du jouissaient d'une grande réputation en Algérie, notamment Cheikh Mohammad Abdou, qui en 1903 visita l'Algérie pendant environ 10 jours, pour voir les conditions du peuple, et rencontra des savants algériens, dont Cheikh Abdelkader Ben Smaya (1866-1933), le Mufti Maliki Sheikh Mohamed Ben Zakour, le Mufti Hanafi Mohamed Bougandora, , et Sheikh Mohamed Ben Mostapha Al-Khoja (1865-1915). Beaucoup de ces personnes ont adhéré aux idées du Cheikh, et nous pouvons affirmer que cette visite reflète fidèlement un cycle de communication culturelle et historique entre l'Algérie et le monde arabe, qui se traduirait par l'éclosion d'un nouveau fruit, qui est l'Association des Savants (Oulémas) Algériens, sur une approche réformiste avec indépendance de pensée et de pratique.

3. L'impact des journaux du Moyen-Orient sur la Renaissance algérienne :

La presse moyen-orientale a joué un rôle important dans l'émergence d'une prise de conscience au sein de la société algérienne, tout en contribuant à l'avancement de la renaissance algérienne en mettant l'accent sur certaines des difficultés du pays. Ces journaux ont contribué à initier les Algériens à cette culture de défense de leurs droits et de résistance à la domination et à l'arbitraire du colonialisme. Ces périodiques ont également contribué à encourager les Algériens à continuer à se battre pour leur pays et à développer un sentiment de patriotisme parmi eux. En conséquence, les Algériens ont connu une révolution culturelle et une renaissance intellectuelle. Les médias arabes avaient ouvert leurs pages aux cris de l'Algérie, à ses inquiétudes et à la souffrance de son peuple, en plus de contribuer à accroître la conscience algérienne. Les algériens se sont alors t tournés vers eux pour faire entendre leur voix, et l'un des plus importants de ces journaux est : Al-Manar (Le Phare).

Troisièmement : Les manifestations du l’éveil algérien :

Il y a eu plusieurs expressions de prise de conscience parmi les Algériens, dont :

1- L'émergence des pétitions et des délégations :

Les pétitions sont devenues un nouveau moyen de combat politique pour les Algériens. La pétition semble être une pratique ancienne en Algérie, remontant aux premières années de l'occupation. Le nombre de pétitions avait augmenté dans les années quatre-vingt du siècle dernier et s’était poursuivi jusqu'au début de la Première Guerre mondiale.

Les Algériens ont déposé une pétition auprès des autorités françaises en 1860, critiquant la tentative de créer un régime civil en Algérie. Ils ont adressé des pétitions à Napoléon III et au gouvernement français en Algérie une décennie plus tard, rappelant à la France ses engagements en vertu des accords d'Alger en 1830 et exigeant la fin du pouvoir des colonisateurs.

De plus, il y a la pétition de 1887, qui est l'une des pétitions les plus importantes puisqu'elle est venue refléter davantage les revendications des Algériens,

Elle comprenait, en plus de son refus de naturalisation, des demandes telles que :

  1. L’organisation d'écoles arabes et l’enseignement de la langue arabe parmi les Algériens.

  2. L’égalité dans les représentations entre Français et Algériens dans les Communes et les Syndicats.

  3. Le rétablissement du système judiciaire islamique, qui a été aboli suite à la loi de 1886.

Ensuite, il y a eu plusieurs pétitions demandant des restrictions à l'occasion de la promulgation de la loi sur la conscription obligatoire, ainsi que déclarant son rejet.

Les délégations étaient tout aussi importantes que les pétitions, et on peut trouver parmi elles des délégations d'avant la Première Guerre mondiale. En octobre 1908, le Comité de défense des intérêts musulmans envoie une mission en France pour exiger l'égalité avec les Français. En plus de donner aux députés algériens la liberté et l'autorité de défendre les intérêts des musulmans algériens.

Les attitudes politiques des Algériens ont radicalement changé à la suite de ces pétitions. Après avoir servi de véhicule pour exprimer des plaintes et des protestations, les pétitions se sont transformées en plates-formes pour discuter des préoccupations nationales et politiques. Cela a commencé avec la notion de maintien des droits du peuple, et bien que ces pétitions n'aient pas donné beaucoup de résultats exacts, elles en sont venues à symboliser la montée de la renaissance dans la culture algérienne. Cela a intensifié les sentiments nationaux et politiques des Algériens, les incitant à rechercher un changement dans leur situation. Elles ont plutôt servi de véhicule pour transmettre les plaintes du peuple algérien aux forums mondiaux et briser les barrières érigées par les médias français. Cela a également contribué à exposer la France pour ce qu'elle est, et si cela suggère quelque chose, c'est le degré de pensée de la renaissance qui a poussé le peuple algérien à rester vigilant et à suivre son époque et ses progrès plutôt que de se fier à ses attentes.

2 - L'émergence de l'activité des élites algériennes de culture occidentale :

En recherchant l'égalité avec les Français et en accordant aux délégués algériens l'indépendance et l'autonomie pour défendre les intérêts des musulmans, cette élite a pu protéger les Algériens des lois oppressives du colonialisme.

3 - L'émergence des imprimeries :

Les Algériens ont reconnu la fonction importante de l'imprimerie dans la promotion de la sensibilisation en publiant des leçons et des conférences qui pourraient atteindre les confins du pays et toucher la grande majorité des membres de la société à tous les niveaux. À cette époque, les imprimeries suivantes étaient parmi les plus connues :

A. L’imprimerie de Fontana :

Elle a été fondée à Alger en 1895 par le Français Pierre Fontana, et a contribué à la publication de nombreux livres et ouvrages de réformateurs et d'intellectuels algériens, avec plus de trente volumes écrits en arabe et en français entre 1895 et 1912. Parmi ces ouvrages : « Présentation du Successeur des Hommes de l'ancêtre » par Cheikh Al-Hafnawi en deux parties (1905-1907), et du livre "Lumière sur les systèmes d’innovation", l'explication du savant Abdelkader Al-Madjawi, « Sur le système d'innovations » par Sheikh Al-Mouloud ben Al-Mouhoub en 1912 et « Préoccupation pour les droits des femmes » par Mohamed ben Khoja en 1897 et d'autres livres.

B. L’imprimerie Thaalibia :

Fondée en 1896 à Alger par les frères rhodésiens turcs (Ahmed et Kaddour), cette imprimerie a imprimé de nombreux ouvrages inestimables de l'histoire traditionnelle de l'Algérie. En plus de vendre des artefacts orientaux, l'imprimerie a imprimé une variété d’écrits pour de nombreux écrivains tout au long de cette période. Voici quelques-uns des livres qui y ont été publiés : « Le savoir-faire parmi les savants au VIIe siècle à Bejaia » par Abou Al-Abbas Al-Ghobrini en l'an 1910, et le livre Al-Bustan "Le Jardin" en souvenir des saints et des érudits de Tlemcen par Ibn Maryam en 1909.

D'autres imprimeries sont apparues en plus de celles-ci, jouant un rôle secondaire dans le processus d'impression et d'édition, dont les deux imprimeries Jordan et Jules Carbonell, qui ont également contribué à la propagation des écrits algériens, mais leur contribution était mineure par rapport à leurs prédécesseurs.

On peut en déduire que l'imprimerie a joué un rôle important dans la diffusion de la conscience culturelle dans la société algérienne, ainsi que dans la protection, la réanimation et la résurrection de l'héritage algérien, et donc à la préservation du patrimoine historique de l'Algérie.

4- Presse nationale

Le chercheur et écrivain algérien Mohamed Naceur explique dans son livre « L’article de presse algérienne » : « Si la presse est appelée le quatrième pouvoir de l'État en raison de son impact sur la formation du peuple, alors on peut dire que la presse réformiste en Algérie qui est sous l'ouïe et la vue du colonialisme, est la première autorité en raison de ses effets directs en guidant le peuple algérien en l'éduquant et en le préparant à la bataille décisive." 

Malgré le manque de ressources et les méthodes de fermeture et d'interdiction, la presse algérienne a renversé les diverses politiques coloniales françaises visant à détruire complètement l'identité algérienne et a fait face à toutes les tentatives systématiques de distorsion. Elle a également œuvré pour éclairer les Algériens, prendre en charge leurs préoccupations et les instruire de questions internationales et régionales, abattant ainsi le mur de fer qui avait été construit pour les isoler.

 5- Clubs et associations :

L'Algérie a vu la formation de plusieurs groupes et clubs culturels au tournant du XXe siècle. Leur objectif était d'atteindre autant de personnes que possibles avec des réformes et des idéaux politiques, en particulier les jeunes. Les organisations suivantes ont joué une influence significative dans l'élargissement du cercle culturel au cours de cette période : Le club de Saleh Bay Club, l’association Rachidiya, Club du Taraki.

6- Mouvement de renouveau historique :

Les intellectuels algériens étaient intéressés par la publication et la documentation de l'histoire de leurs ancêtres au tournant du XXe siècle, ce qui a entraîné la formation d'un mouvement pour la renaissance historique de l'héritage, qui comprenait : Ibn Abi Chneb, Ibn Al-Khoja, Abou Al-Kacem Al-Hefnaoui.

Le mouvement est né en réponse aux accusations du gouvernement français contre la nation algérienne. C'est pourquoi les algériens se sont mis à exposer leurs origines historiques, et à expliquer que leur culture est comparable à celle des autres pays. Par ailleurs, les nouvelles générations doivent le reconnaître et poursuivre les activités culturelles que leurs ancêtres ont entamées. De plus, l'autre but de la composition est de confirmer à la France que les Algériens ne peuvent être dissociés de leurs origines historiques.

Al-Hafnaoui a écrit son livre : : « Présentation du Successeur des Hommes de l'ancêtre », quant à Ibn Abi Chneb, il était intéressé par la publication d’un certain nombre de livres, dont : « Le savoir-faire parmi les savants au VIIe siècle à Bejaia » de Abou Al-Abbas Al-Ghobrini. « Une promenade touristique au vert de l'histoire et de l'actualité » par Hocine El Ouartilani, appelé « Le Voyage d'Al Ouartilani » imprimé à l’imprimerie Fontana en 1908 à Alger.

La résurrection historique du patrimoine a joué un rôle important dans l'amélioration de la conscience nationale et politique et l'intérêt croissant pour l'histoire algérienne parmi les Algériens.

7- Le théâtre algérien et son rôle dans la Renaissance :

Le théâtre algérien naissant s'est efforcé de sortir du marasme culturel et d'appeler à suivre l'actualité, notamment dans ce secteur et dans toute l'Algérie. A travers le théâtre, l’algérien a pu mettre en lumière la réalité qu'il vivait sur scène. La majorité des sujets, tels que "Salah Eddine al-Ayoubi", "Pour l'amour du pays" et "La conquête de l'Andalousie", traitaient de préoccupations nationales et islamiques. Étant donné que la plupart des pièces jouées sur scène étaient issues de l'histoire islamique, de l'arabe et de la littérature étrangère, beaucoup y ont vu un bon début dans la vie culturelle algérienne.

La représentation théâtrale arabe est apparue pour la première fois en Algérie en 1912, lorsque la troupe de Médéa a interprété la pièce "Chevalerie et Loyauté" et que la troupe de la capitale a produit la pièce "Macbeth", également mise en scène par la troupe de Blida. Une troupe théâtrale a joué l'assassinat de Hussein en 1913 et la pièce Jacob le Juif l'année suivante.

 Les avis divergent sur l'origine du théâtre algérien. Certains attribuent sa naissance aux actions de l’El Amir Khaled en France, à savoir sa participation à un banquet organisé par l'acteur de théâtre George Abyad en 1910 à l'occasion de la remise du "diplôme de conservateur", et la visite de ce dernier en Algérie fin 1918.

En 1922, Mohamed Al-Mansali crée l'« Association du acting arabe », qui comprend un certain nombre d'interprètes et d'artistes algériens tels que Gharid Lakhal, Ibrahim Dahmon, Allal Al-Arfaoui, et Mohiédine Bashtarzi. Cette association a présenté deux pièces sur la scène du chœur, "Pour l'amour de la patrie" le 29 septembre 1922, qui est un drame en trois actes, mais l'arbitraire du gouvernement français a empêché que cette pièce soit rediffusée créant des défis pour ce théâtre naissant. Elle a également interprété une deuxième pièce, "La Conquête de l'Andalousie", le 25 juin 1923.

Les pièces de théâtre qui ont été jouées entre 1921 et 1924, malgré leur incapacité à attirer un large public, ont entraîné une avancée significative de la vie culturelle ainsi qu'une montée de la vigilance au sein de la société algérienne.