La situation Socioculturelle
Premièrement : La situation sociale :
L’entrée des Ottomans avec leur culture orientale anatolienne et les migrations andalouses vers Algérie eurent un impact considérable, sur les composants sociales et culturels de la société algérienne, et tous ces éléments andalous et Kouloughlis urbains en plus des groupes algériens, se sont intégrés en une seule identité. Selon Hamdan Khodja, il est possible de répartir la société algérienne en plusieurs éléments:
Selon le sexe : La société est constituée d’hommes et de femmes sachant que le nombre d’hommes dépasse le nombre des femmes, cela est dû au fait que la plupart des immigrants et prisonniers étaient des hommes et aussi au fait que les femmes ne se mélangent pas avec les hommes dus aux règles de la charia.
Selon l’ethnie : la société algérienne se composait de locaux et de Turcs qui détenaient le pouvoir dans le pays, ainsi que les Juifs qui rivalisaient en richesse avec les Turcs.
Certains de ses derniers avaient une richesse qui dépassait celle du Dey lui-même, il y avait également la classe des immigrés andalous, des Kouloughlis, des esclaves chrétiens, et la classe des personnes de couleur.
Quant aux Kouloughlis, ils visaient à se hisser au premier rang de la société, mais les autorités ottomanes les empêchaient et considéraient que les Kouloughlis menèrent leurs intérêts à cause de leur attachement aux indigènes algériens.
Il faut noter que les chrétiens qui devinrent Musulmans n’étaient pas isolés de la communauté, ils fréquentaient les habitants de la ville dans leur vie quotidienne, artisanale et administrative.
Même les juifs mêlaient leurs affaires et leurs transactions commerciales à la société urbaine qui s’épanouissait dans un mélange de patrimoine culturel et religieux.
L’efficacité du système social algérien est basée sur l'application de la charia mises en œuvre par des instances judiciaires hanafites et malékites, ainsi que par des réglementations provenant de documents administratifs destinés à l'intérêt public, grâce aux institutions du waqf.
Il ne faut pas non plus négliger le rôle social de la gestion des Habous immobiliers urbain, comme la réforme des canalisations d'eau, leur maintenance et protection mais aussi la réforme des routes et leur contribution à répondre aux besoins des populations dans le développement de la ville.
En plus de cela, les structures judiciaires régulaient les tranches sociales par des juges hanafites et malékites, ainsi que certains employés janissaires qui avaient l’autorité d’exécuter et faire respecter les lois parmi les membres de la société civile et les artisans pour assurer la sécurité.
Etablir les décisions, les lois et les questions relatives à la peine, la punition et la résolution des conflits, ainsi que le maintien des transactions islamiques, des coutumes et des traditions algériennes faisait partie de leur responsabilité.
C'était donc parmi les rôles et les tâches des juges et de certains employés dans le contexte de la mobilité de la société urbaine de combattre et sanctionner le proxénétisme, qui était rare dans une société algérienne pieuse.
En ce qui concerne les tribunaux pour les meurtres et les voleurs, les décisions du juge étaient rapides, coupant la main droite et les accrochant sur leurs épaules en les envoyant en prison.
Quant au mariage, il était socialement facile entre les classes de la société, afin de maintenir les liens familiaux et économiques selon les coutumes et les traditions algériennes ottomanes, qui étaient reflétées dans les vêtements féminins brodés comme le hayek et le hijab selon le statut familial de la femme.
Deuxièmement : La situation culturelle
L'Algérie était connue pour sa diversité culturelle avant l'occupation française. La plupart du peuple était malikite, mais les Turcs, les Kouloughlis et certains citadins étaient des hanafites. En plus de tout cela, il y avait des églises en Algérie et ils s'adressaient aux consulats des chrétiens présents en Algérie.
Des écoles religieuses où on enseigne le Coran et les sciences islamiques étaient mises en disposition, elles étaient toutes financées par les revenus du Waqf. Ce dernier joua un rôle important non seulement dans le domaine religieux et éducatif, mais aussi dans les domaines économique et social.
Elles étaient gérées par une institution religieuse dirigée par des imams indépendants du pouvoir turc, dotés d'une grande compétence en matière de gestion. Les biens du Waqf étaient extrêmement protégés, ce qui empêchait les gouverneurs, quelque soit leur grade, de les toucher.
Grâce aux fonds du Waqf et des zones rurales, l'éducation s'est répandue dans différentes régions de l'Algérie.
Le rôle de la science : Cette diversité des éléments sociaux dans la société algérienne commença par un mélange entre les traditions culturelles et les cultures étrangères en dehors du pays.
Cela entraîna l'apparition de nombreuses écoles religieuses et doctrinales qui se sont répandues en Algérie, devenant ainsi des centres de culture arabe, fondés aux mosquées et aux zawya. De nombreux savants musulmans ont travaillé dans les domaines de la philosophie, de la doctrine, de la littérature et d'autres sciences.
La mosquée était un lieu de culte, une école pour l'enseignement, un tribunal et un refuge pour les étudiants.
Pendant cette période, il y a eu peu de production culturelle, ce qui est dû à l'absence d'intérêt de la part de l'autorité pour ce côté vital et culturel, sauf dans quelques villes algériennes par les Algériens eux-mêmes qui garantirent le développement de la culture et permettent de préserver ce qu'ils héritèrent de sciences et de connaissances à travers les générations, dans divers domaines littéraires, linguistiques et intellectuels comme partie du patrimoine arabe Musulman.
Les bibliothèques : Il y avait un nombre considérable de bibliothèques en Algérie avant l'époque moderne, dont leurs descendants en ont pris soin.
Les livres en Algérie étaient produits localement à travers la composition, la copie ou l'importation, surtout dans les pays d'Andalousie et d'Égypte.
Les Algériens apportèrent également des manuscrits de l'État ottoman et des pays Maghreb.
La plupart des livres étaient retournés en Algérie grâce à un certain nombre d'Ottomans qui y travaillait.
Avec la domination des sciences religieuses à l'époque moderne, le contenu des bibliothèques comprenait des livres sur l'interprétation, les hadiths religieux, la doctrine, les fondements, le Tawhid, les sciences linguistiques et mentales. Les écoles de science sont devenues célèbres pour la littérature, la grammaire, la syntaxe, la langue et la rhétorique, mais l'histoire, la géographie, la philosophie, les livres de comptabilité, de médecine et d'astronomie étaient peu nombreuses.
Les bibliothèques étaient réparties dans différentes régions de l'Algérie en fonction de la culture et de la prise en charge de l'enseignement des sciences et de l'importance des villes tel qu’Alger, Constantine et Tlemcen.
Les habitants de Constantine étaient enthousiastes à l'idée d'acheter des livres et de rechercher des manuscrits due à la présence des savants, d’écrivains instruits et cultivés.