Adhésion de l'Algérie à l'Empire ottoman
1. Introduction
Le bassin méditerranéen occidental a constitué une zone de collision entre les puissances islamiques et les croisées. La zone avait gagné en importance et en défis après que le roi Ferdinand d'Aragon et son épouse Isabelle la reine de Castille aient déclaré la guerre contre les foyers musulmans au Maghreb islamique ; dès lors, les côtes algériennes subirent des attaques à répétition. Avec les difficultés de la situation interne en Algérie, et ne pouvant faire face aux défis, les habitants ont demandé l'aide de l'État ottoman car il représentait le protecteur des musulmans et était le détenteur de la Brigade islamique du califat. C'est là que commence une phase cruciale de l'histoire moderne de l'Algérie.
2-La situation de l'Algérie avant l'arrivée des Ottomans
La chute de l'État almohade a été suivie par de graves conflits entre les pays du Maghreb, et l'Algérie a été exposée à ces conflits plus que la Tunisie et le Maroc en raison de sa situation géographique, chose qui a affaibli l'autorité centrale de Beni Ziane. L'état de Beni Ziane contrôlait théoriquement la partie occidentale de l'Algérie actuelle qui a été établie par "Yahia Ighmrasin Ben Ziane" en 1236. Cependant, cet empire était sujet aux invasions de Beni Marine au Maroc et de Beni Hafs en Tunisie, ce qui a affaibli les États Beni Ziane et Beni Hafs en Tunisie.
Par ailleurs, les liens antérieurs qui caractérisaient encore la communauté maghrébine, avaient conduit à la division de nombreuses tribus, et à l'apparition de principautés qui refusaient d'être soumises à toute autorité centrale. Par conséquent, le Maghreb était au milieu d'un chaos social, d'une division politique et de conflits tribaux. D'autre part, l'Europe et l'Espagne avaient connu un développement industriel, et une renaissance dans différents domaines, mais principalement dans le domaine militaire. Un autre événement important avait eu lieu en Espagne, qui est le mariage politique du roi "Ferdinand d'Aragon" et de son épouse "Isabelle" reine de Castille, ainsi que l'union de la péninsule ibérique en 1479 qui a conduit à l'expulsion des musulmans d'Andalousie et la confiscation de leurs propriétés après la chute de Grenade en 1492. Une grande partie des musulmans expulsés se sont installés au Maghreb, alors les Espagnols les ont suivis craignant qu'ils ne reviennent. Ceci les a aidés à surmonter leurs conflits au sujet de la ville de Melilia avec les Portugais, et ce à travers le traité de "Tordesillas".
Dans ces circonstances, les espagnols ont pu prendre le contrôle de nombreuses villes côtières, dont le Grand Port en 1505, Oran en 1509 et Bejaia en 1510. Ils rencontrèrent le dirigeant espagnol "Pedro Navarro" et les deux parties s'accordèrent sur ce qui suit : faire la paix, s'engager à libérer les prisonniers chrétiens par la partie algérienne, garantir de ne pas attaquer les navires espagnols par les algériens, permettre une délégation de voyager afin de conclure une convention définitive avec le gouvernement du roi, et de faire payer aux Algériens une taxe annuelle au gouverneur espagnol à Béjaïa, et cela en reconnaissance de leur dépendance en échange de ne pas être attaqué.
Sur cette base, la délégation algérienne s'est rendue en Espagne, et les deux parties ont convenu de l'extradition par l'Algérie de ses plus grandes îles rocheuses "Peñón" vers l'Espagne afin qu'elles construisent un bastion qui assure la liberté de leurs entreprises et de leurs transports maritimes. Sauf que ce bastion avait mis des freins à l'industrie maritime algérienne. Mostaganem avait signé le traité avec les Espagnols qui stipulait que les habitants de Mostaganem et de Mazagran devaient s'engager à payer les impôts aux Espagnols, et libérer les esclaves chrétiens emprisonnés. En plus de cela, ils devaient livrer les esclaves chrétiens qui s'enfuyaient en Espagne, financer le grand port et Oran, leur permettre de coloniser les forts et les bastions et en construire d'autres dans les deux villes s'ils le voulaient.
Même Tlemcen a rejoint ces villes et a développée des alliances avec les Espagnols en 1511, puis est passée sous la protection espagnole. En ce qui concerne les commerçants algériens, ils étaient toujours à la merci des canons espagnols.
La situation est restée ainsi jusqu'en 1516, lorsque le roi d'Espagne "Ferdinand V" mourut. Les Algériens en ont profité pour se débarrasser de l'impôt qu'ils payaient pour les Espagnols. Cependant, ils avaient peur de leur vengeance, ils ont alors demandé l'aide de "Aroudj Barberousse" pendant qu'il était à Jijel, et il a répondu à leurs demandes. Par conséquent, il a mis en place une révolution maritime dirigée par son frère "Khair Eddine", et une révolution intérieure dirigée par lui-même et certaines de ses armées. Arrivé à Alger, il ne s’est pas arrêté, mais a continué sa route vers la ville de Cherchel dans le but d’affronter son souverain « Hassan Kara », et l’a assassiné craignant qu'il ne le trahisse. Suite à cela, il s’est rendu à Alger où les habitants l'ont accueilli chaleureusement. Lorsque "Aroudj" s'apprêtait à combattre l'Espagne, il a senti que "Salim Toumi" n'aimait pas sa présence car il le considérait comme un rival, donc il l'espionnait et a finalement découvert ses intentions, alors il l'a assassiné.
C'est ainsi que les choses ont commencé à se calmer à Alger, sauf que la présence des Ottomans a agacé les villes voisines, comme le souverain de la ville "Tenes" "Hamid El Eid" qui a monté une campagne contre "Aroudj". Ce dernier a découvert ses intrigues, il a donc appelé "Khair Eddine" de la ville de "Dellys", et lui a confié la direction de la ville pendant son absence. Il a alors commencé à attaquer son adversaire dans sa ville natale ce qui a poussé "Hamid" à s’enfuir dans les montagnes, et a "Aroudj" de faire son entrée dans la ville de "Tenes" en juin 1517. C'est alors qu'il reçut des délégations de la ville de Tlemcen appelant à l'aide au sujet de leur sultan « Abu Hamou III » qui fit alliance avec l'Espagne contre leur sultan légal « Abu Zian ». Lorsque « Abu Hamou III » a appris son arrivée, il s'est enfui dans la ville d'Oran et a demandé de l'aide aux Espagnols, alors ils ont préparé une campagne contre lui, et "Aroudj" leur a répondu. Cependant, ne pas avoir de renfort le fit quitter la ville, sauf que les Espagnols lui bloquèrent le chemin et l'assassinèrent près de la vallée "El Maleh" en 1518.
Ces événements ont affecté Khair Eddine à partir du décès de son frère qui a eu un impact négatif sur sa santé mentale, en plus du manque de personnes et d'équipements, ainsi que de l'apparition de pionniers de la rébellion après la mort de son frère dans certaines des régions hostiles telles que Tenes et Cherchel en plus de certains éléments exclus de la gouvernance qui sont revenus au pouvoir avec une alliance avec les espagnols, il a donc décidé de partir, mais les habitants lui ont demandé de rester, puis les savants d'Algérie ont lancé une fatwa qui consistait à mettre Khair Eddine responsable de toute cause d'effusion de sang par l'Espagne.
3-Le rattachement de l'Algérie à l'empire ottoman
L'insistance des habitants pour que Khair Eddine reste a affecté sa psychologie, il a donc décidé de rester. Néanmoins, sa faiblesse l'a fait chercher un bras fort pour le protéger, et c'était l'État ottoman. Il était tout naturel pour une ville musulmane menacée par les chrétiens d'avoir le désir d'être sous la protection du califat islamique. Les habitants ont accepté la suggestion de Khair Eddine de rattacher l'Algérie au califat islamique, par conséquent, il leur a demandé d'écrire une lettre au sultan ottoman, lui parlant de leur obéissance. Il lui a également écrit une lettre contenant la même offre, puis il a envoyé une délégation dirigée par "Haj Hussein" au sultan "Salim I" avec un cadeau majestueux.
Le sultan ottoman a accepté la proposition de Khair Eddine, et ainsi l'Algérie est entrée sous les auspices du califat ottoman en 1518.