Maghili
Suite à un désaccord avec les rois de Beni Abd el Oued, il a quitté Tlemcen pour s'installer dans la ville de Tamentit à Touat où il enseignait. Pendant son séjour à cette région, l'Imam Al Maghili ne cautionnait pas les agissements des juifs de Touat qui se sont accaparés de l'économie et de la politique de la région, et c'est en les affrontant que le cadi Touat, Abdallah Laasnouni s'est montré d'un avis différent, malgré le soutien des grands savants à l'Imam, à l'instar d'El Senouci, Ibn Zekri de Tlemcen, Moufti Tunis et Moufti Faas. Al Maghili commence donc un nouveau parcours à l'Ouest de l'Afrique dans lequel il œuvrait pour répandre l'islam, selon la confrérie El-Kadiria.
Il a également visité Tekrour et Kano au Nigéria et séjournait au Timbuktu où il a été reçu par ses sultans, faisant ainsi connaitre son nom. Al Maghili est finalement retourné à Touat et y est décédé en 909hégire/1503. L'émir Khaled Considéré comme le premier leader de l'Algérie, au premier quart du 20ème siècle, l'émir a prononcé la parole de vérité et s'est battu contre l'autorité française avec sa personnalité hors du commun, sa force et sa perspicacité politique.
Sa contribution en termes de politique surpasse celle des autres réformateurs. Au moment où une vacuité politique régnait, il a pris les rênes de ce volet. Ainsi, un maillon important de l'action nationale, répondant au nom de l'émir Khaled, a émergé entre 1913 et 1919.
L'émir Khaled était un homme audacieux qui évoquait les affaires politiques et revendiquait ses droits, en représentant le peuple algérien, c'est pourquoi il s'opposait à l'élite intellectuelle qui portait une culture française, pro-naturalisation. Il existait deux courants, le premier réformateur plutôt conservateur, et un autre courant d'opposition qui appartenait à Ben El Touhami, qui lui, était libéral et francisé.
La réussite de l'émir aux élections locales fut une précieuse opportunité pour les algériens, ayant fait de l'urne un moyen majeur pour dire tout haut ce qui se disait tout bas. L’émir Khaled, qui se tenait toujours aux côtés des algériens, ressentait leur douleur sous l'emprise arbitraire de l'administration coloniale. Il révélait au grand jour cette politique et l'exploitation de cette administration à maintes occasions.
Le programme réformateur de l'émir était basé sur le concept de l'égalité de représentation entre les algériens et les français, et l'octroi de la nationalité française sans pour autant renoncer à l’identité, son programme avait donc pour référence le peuple algérien, ses composantes et son authenticité religieuse. Il jouissait d'une audace qui lui permettait d'évoquer différentes affaires notamment celle de l'autodétermination pour le peuple algérien, qu'il a revendiqué à la Conférence de Versailles en 1919, dans une tentative de faire entendre la voix de l'Algérie dans le but d'internationaliser la cause algérienne.
L'émir Khaled a fondé le journal « El Ikdam » en 1919, pour exprimer ses points de vue et aborder les affaires politiques pour le peuple. Mohamed Nacer avait mis l'accent sur l'importance de ce journal, intervenu pour traiter les affaires qui préoccupaient le peuple à cette époque, à l'instar du refus de naturalisation et la revendication de représenter les familles algériennes au Parlement français, la qualifiant de premier journal arabe paru en Algérie, pour représenter un esprit purement nationaliste.
En plus de l'action politique, son programme réformateur était multidimensionnel puisqu'il ne se limitait pas à la politique, il appelait également à l'impératif d'une réforme religieuse et à défendre les institutions islamiques. Dans ce sens, il s'opposait à l'hérésie (Bida'a), s'est battu contre le charlatanisme qui envahissait de nombreuse zaouïa et a fermement condamné les cheikhs des zaouïas dénués de religion et du rôle éducatif, devenus ainsi plus ignorants que jamais, ce qui a exacerbé l'ignorance, la médisance, le sectarisme et les hérésies.
Son appel à tous les algériens était on ne peut plus clair ; l’impératif d’avoir une prise de conscience et de laisser les affaires religieuses aux instances compétentes, au service de la chose publique de tout algérien. Le mouvement réformateur de l’émir constituait une invitation nouvelle à une réforme sociale, pour prendre en charge les affaires des jeunes algériens, les inciter à se munir de sciences et de connaissances et à s’assainir des vices et des fléaux sociaux.
Il a, par la suite, appelé à lutter contre toute forme de déclin moral, à s’éloigner des bars et des endroits de débauche, mais aussi à cesser d’imiter les occidentaux, dans une démarche incorrecte vers le civisme. Il a également invité à revenir vers le savoir et le travail, étant des échappatoires pour l’individu, le conduisant de l’obscurité vers la lumière, en plus d’être le seul et l’unique chemin vers le développement et l’extirpation de la société d’une voie paumée loin du cauchemar de la colonisation, pour une personnalité nationaliste.
L'émir Khaled a également contribué à l'activation de la vie culturelle au sein de la société algérienne, avec d'autres réformateurs, il est également le fondateur du théâtre algérien, à travers la création de la première association théâtrale à Médea et deux troupes théâtrales à Alger et Blida. Avec cet acquis, il a évoqué les affaires nationales et sociales, mais aussi la manière de les traiter, en plus d'être un divertissement pour atténuer les douleurs du peuple.
L'émir Khaled a aussi invité le peuple algérien à la solidarité nationale, et pour ce faire, il a créé une association appelée "la Fraternité algérienne" le 23 janvier 1922, qui avait pour objectif de servir les affaires politiques, sociales et culturelles. L’Administration française ne pouvait que remarquer l'activité intensifiée de l'émir qui attisait une peur dans leur camp, elle a donc fini par suivre chacun de ses pas, avant de l'exiler en dehors du pays en 1923.
En dépit de son exil, il est resté fidèle au peuple de son pays et a poursuivi son combat aux côtés de son peuple. Il a transféré son combat de l'Algérie à la France. Il a, dans la même démarche, créé une instance défendant les droits des travailleurs maghrébins en France, qui est par la suite devenue l'Etoile nord-africaine (ENA). Ainsi, l'émir a mis en place le premier noyau du mouvement politique révolutionnaire algérien qui fera avancer la cause nationale, réalisant ce qui n'a pas pu être réaliser en Algérie.
Ce que nous pouvons déduire de ces faits, c'est bel et bien le grand rôle qu'a joué l'émir Khaled dans le mouvement réformateur, un jalon dans l'édification de la scène politique algérienne contemporaine. Il a porté des revendications unificatrices et inclusives, un véritable melting pot pour les dimensions éducative, réformatrice, sociale et politique, qui a parlé la langue de la raison, des sentiments et des ressentis. Sans oublier que son action a contribué à l'illumination du chemin des algériens.