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Abdelkader Medjaoui

Née à Tlemcen en 1848, Abdelkader El Medjaoui, de son vrai nom Abdelkader fils de Abdallah, fils de Mohamed, fils de Abdelkrim, tire l’origine de son pseudo du village de Medjaoua, à proximité de la ville de Taza au Maroc. Son grand-père s'est installé à Tlemcen et y a travaillé comme copiste.

Feu Abdelkader a évolué dans une famille imprégnée des valeurs scientifiques. Son père, Mohamed Abdelkrim, a exercé la profession de juge à Tlemcen durant vingt-cinq ans. Il intégra l’école dans son village natal avant de poursuivre ses études à Tétouan, puis à Tanger au Maroc, où il se spécialisa dans les sciences islamiques et les lettres arabes. 

Il a rejoint les maîtres kairouanais pour effectuer des études poussées en jurisprudence, dans les fondements de la jurisprudence (Fiqh et Oussoul El Fiqh), ou encore en l'interprétation, et dans le noble Hadith, le raisonnement, les sciences rhétoriques et le soufisme. Ses capacités mémorielles lui ont permis d’avoir des connaissances également en calcul, en histoire et en littérature, comme en témoigne le journal Al-Farouk : « Chaque livre lu, n’a pas besoin d’être relu une seconde fois ».

C’est dire que le milieu dans lequel El Medjaoui a évolué et la qualité des connaissances auxquelles il s'est consacré, outre ses facultés innées, et l’impact que la situation encore plus déplorable sur lui sous le contrôle des colons, sont autant de facteurs décisifs en termes d'orientation et de moyens utilisées dans l’action réformiste.

Ses maîtres à Fès, ayant perçu chez le révolu la compétence scientifique et la persévérance, lui ont donc permis d’enseigner, sachant que ce poste n'est assigné qu’au savants éminents.

Feu El Medjaoui faisant montre de pureté de l'âme, de générosité, de bravoure, de bonne volonté, d'éloquence et d'humilité. Très attaché à sa religion, le révolu était fier de son appartenance à l'Islam, jaloux de sa religion et de la langue arabe qu’il défendait à tout prix.

Le souffle de la réforme a traversé l'Orient, laissant dans son sillage une empreinte indélébile sur la formation du défunt. Lors de son pèlerinage, il fut en contact avec ce mouvement, avant de s'établir en Algérie, où l'ébullition culturelle et littéraire de la Renaissance arabe allait bouleverser son destin. Ainsi germa chez lui un vif intérêt pour les études linguistiques, accompagné d'un enrichissement culturel. La plupart de ses écrits portent ainsi sur la langue arabe et ses sciences, témoins éloquents de cette passion dévorante.

Concernant son activité réformatrice, force est de constater que celle-ci s’est cristallisée dans plusieurs domaines, notamment en éducation, en journalisme et en écriture. S'agissant plus particulièrement de l'éducation, après son retour en Algérie et son installation à Constantine en 1869, il a mené une activité culturelle remarquable, dispensant des cours au sein des mosquées et des zaouïs. 

Grâce à son mouvement réformateur, El Medjaoui a insufflé une nouvelle vie aux âmes et aux esprits, contribuant ainsi à une véritable renaissance scientifique dans la région. Ces actions ont permis de contrer les tentatives d'intégration orchestrées par l'occupant et de faire face au danger croissant que représentait l'éducation missionnaire.

Son action, loin de se limiter à l'enseignement dispensé dans les mosquées, se déploie dans une ambition de dynamiser les écoles indépendantes. L'administration française l’invita, ainsi, à officier en tant qu'imam à la mosquée Sidi El Kettani, pour l’avoir sous ses yeux. Il accepta le poste offert, mais enseigna simultanément à l'école Kettani, en 1878, diverses disciplines, telles que la mémorisation du Coran, les hadiths, la jurisprudence, le raisonnement, la littérature, l'astronomie et le calcul. 

En 1898, l’administration française procéda à la nomination du défunt El Medjaoui au sein de l'école Al-Thaâlibia. Une telle décision aurait été motivée par le désir de maintenir une surveillance directe sur ses activités dans la capitale. 

Il a ainsi poursuivi ses efforts au sein de la ville, contribuant à promouvoir la chose culturelle en collaboration avec un groupe de professeurs émérites tels que, Abdelhalim Bensmaïa, le Mufti Mohamed Saïd Benzekri, et Abou Kacem El Hafnaoui.

Au cours de cette période, la capitale se débattait avec l'ignorance, ses conséquences funestes et la corruption généralisée qui la rongeait. Il était donc impérieux que le révolu El Medjaoui redouble d'efforts pour entreprendre des réformes, se consacrer à l'éducation religieuse et morale, et inculquer la foi islamique dans l'esprit de ses disciples. Il avait également pour mission de dynamiser la vie culturelle de la ville au niveau des institutions, des clubs et des associations.

El Medjaoui a eu à former une pléiade de réformateurs et d’érudits qui, suivant ses traces, ont perpétué son travail de réforme. Parmi ces personnalités éminentes, l'on peut citer le Cheikh Omar Benderradji, le Mufti Hanafi en Algérie, ou encore l’adepte le plus distingué, en l’occurrence Mohamed Mouloud Benmouhoub. Au Maroc, en l'an 1903, il a pris part à la publication du journal Kawkab Africa au cours de la période s'étendant de 1908 à 1909.

En parallèle de son activité pédagogique, El Medjaoui s'est investi dans le mouvement de la presse. À ce propos, il a apporté ses contributions remarquables à El Mountakhab, ainsi qu'au journal El-Maghrib en 1903, et plus longtemps au quotidien Planète Afrique, durant les années 1908 et 1909. 

Les thèmes évoqués par El Medjaoui dans ses articles étaient d'une grande diversité, portant tous le sceau de la réforme. En effet, il n'est pas rare de trouver parmi ses écrits de fervents appels à la réforme des pratiques religieuses. La détermination inébranlable d'El Medjaoui en faveur de la renaissance spirituelle et de la rectitude doctrinale, transparaissait avec éloquence dans les colonnes de ses articles.

Sur le plan social, El Medjaoui a mené un combat acharné contre les fléaux qui rongeaient la société algérienne. À travers ses écrits, il a égrainé de nombreux problèmes sociaux, tels que le jeu de hasard, qui ne saurait mener qu’à la détresse matérielle et morale. Éloquemment, il disait que "le jeu de hasard ne se pare jamais de beaux atours, c’est pourquoi il est considéré comme un délit majeur aux yeux de la loi divine ».

L'une des questions prépondérantes qui a suscité le plus grand intérêt du Cheikh Abdelkader El Medjaoui est celle de l'éducation. Sa personnalité a émergé en qualité d'éducateur émérite dans ce domaine, s'efforçant d'élaborer un programme éducatif, basé sur des fondements scientifiques modernes. De même qu’il s'est attaché à l'aspect économique, exhortant les Algériens à s’imprégner des réalisations des Occidentaux en la matière ainsi que dans les sciences modernes.

Le regretté Abdelkader El Medjaoui a tiré sa révérence à Constantine, un certain 06 octobre 1914, laissant en héritage une empreinte indélébile auprès de ses adeptes et des érudits qui ont poursuivi sa voie. Ses précieux ouvrages et écrits, aussi riches que diversifiées, témoignent de son influence durable.