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La Diplomatie Algérienne 1954 - 1962

L'activité diplomatique pendant la révolution a eu un rôle fondamental et important dans l'internationalisation de la question algérienne, détruisant la légende de « l'Algérie française », et reconquérant la souveraineté algérienne. Les mouvements actifs des membres du Front de libération nationale ont participé à la réalisation de l'objectif recherché, et c'est ainsi que la révolution a été entendu sur tous ses fronts, militaire, diplomatique et médiatique.

Premièrement : Le rôle de la délégation extérieure au début de la révolution

La direction révolutionnaire a accordé une grande attention à l'action diplomatique à l'extérieur à travers la participation à différentes réunions et conférences internationales et la présence de la délégation extérieure à ces différentes conférences, que ce soit en Afrique, en Asie ou même dans l'entité des Nations Unies. Grâce à cette activité diplomatique extérieure, la révolution algérienne a eu un grand soutien par les communautés arabes et certains pays asiatiques et africains. C’est ainsi que l'Algérie a pu faire face à la politique coloniale française et continuer à travailler à la réalisation de son but ultime qui est la restauration de la souveraineté et de l'indépendance.

Il convient de mentionner que la situation internationale généralisée à l'époque qui se distinguait dans la guerre froide a participé à l'action diplomatique, en plus de la solidarité et de la synergie entre les pays du tiers monde et les peuples qui ont connu des mouvements de libération du joug de la colonisation et des chartes des Nations Unies visant à éliminer la colonisation.

L'internationalisation de la cause algérienne était l'un des principaux intérêts du Front de libération nationale selon ce qui était mentionné dans le communiqué du 1er novembre, où il a commencé à se préciser dès les premiers débuts de la révolution à travers la désignation d'une délégation diplomatique basée au Caire composée de Hocine Ait Ahmad, Mohammed Kheider, et Ahmad Ben Bella.

Par ailleurs, les premières activités des membres de la délégation extérieure du front de libération ont été axées sur la réalisation d'une préoccupation principale qui était de faire reconnaître la délégation extérieure comme le pont réel et réaliste de la résistance algérienne sur les plans arabe, régional et international.

La délégation a pu mettre en place une action diplomatique sur le plan extérieur en obtenant le soutien des pays arabes comme l'Égypte et l'Arabie saoudite. Après le déclenchement de la révolution, la délégation composée de Mohammed Kheider, Hocine Ait Ahmad et Ahmad ben Bella en fit une base pour ses actions diplomatiques, militaires et pacifistes utilisant les potentiels de soutien acquis par les pays arabes. Dès lors, la délégation extérieure du Front de libération nationale est devenue le premier outil diplomatique de la grande révolution algérienne. La délégation extérieure a rigoureusement œuvré tous les plans dans diverses directions cherchant à recruter les organisations estudiantines et le potentiel humain pour appuyer ses mouvements diplomatiques et faire aboutir la mission d’internationalisation de la question algérienne.

Deuxièmement : Les objectifs de la diplomatie algérienne pendant la révolution

Les mouvements diplomatiques des dirigeants de la révolution visaient à :

  • Éliminer l'ennemi du champ diplomatique.

  • Gagner de nouveaux associés en interne et en externe.

  • Gagner des aides matérielles et psychologiques.

  • Pression constante, et raid sur la colonisation en utilisant la politique d'épuisement des médias.

  • Internationalisation de l’affaire algérienne.

  • Transférer la lutte interne algérienne et l'adversité à l'étranger pour informer l'opinion publique internationale des actions féroces que l'armée française commettait contre le peuple algérien.

La conférence de Bandung 1955 :

On peut dire que la conférence afro-asiatique tenue le 17 avril 1955 à Bandung (Indonésie) a été un début et un tournant majeur dans la lutte du peuple algérien et le rôle politique du Front de libération. En effet, la conférence de Bandung a été la première occasion hors du cadre arabe que le Front de libération nationale a exploitée pour promouvoir et convaincre l'opinion publique internationale que l'Algérie ne fait pas partie de la France et que son affaire est l'affaire de son peuple privé de sa liberté et de ses droits. Par conséquent, le résultat de la conférence comprenait la publication d'une déclaration de solidarité avec la révolution algérienne dans sa guerre contre la colonisation française.

Le soutien arabe, islamique et international à la cause algérienne a abouti à l’acquisition du soutien du bloc afro-asiatique à travers lequel la question a été exposée et discutée à l'assemblée générale des Nations Unies. Le 24 juillet 1855, le secrétaire général des Nations Unies reçoit une lettre de 14 pays afro-asiatiques dans laquelle ils demandaient l'inscription de l'affaire algérienne à l'ordre du jour de la dixième session de l'assemblée générale sur instruction de leurs gouvernements. Ils ont également souligné dans leur lettre l'importance de l'autodétermination dans la formation des Nations Unies et ont fait référence à la résolution numéro 637 sur le droit à l'autodétermination et l'exercice des libertés fondamentales qui a été approuvée par la majorité de l'assemblée. Ainsi, l'Assemblée générale des Nations unies a décidé d'inscrire la question algérienne à l'ordre du jour de sa dixième session, après qu'elle ait été soumise au comité politique de l'assemblée pour examen et recherche. De plus, la diplomatie algérienne a eu une grande influence dans la transformation des positions que l'administration française défendait à propos de ce qu'ils appelaient les "Fellaga" (les hors-la-loi), et a finalement eu recours à une première rencontre secrète avec Mohammed Yazid qui représentait le Front aux Nations Unies à New York le 21 janvier 1956.

Le congrès de la Soummam et la réorganisation de l'activité diplomatique :

Il ne fait aucun doute que les organisations militaires, politiques et même diplomatiques qui caractérisaient le Front et l'armée de libération ont commencé après le congrès de la Soummam du 20 août 1956, étant donné que ce dernier a opéré des changements radicaux à ce niveau par la division qu'il a imposée, selon laquelle les six provinces révolutionnaires comprenaient certains de ce qu'on appelait des sous-zones, des régions et des divisions. C'est ce qui a donné une impulsion supplémentaire à la révolution, où les missions ont été séquentiellement définies avec précision sur le plan politique et militaire, y compris l'aspect des renseignements et de la communication, ainsi que l'approvisionnement, les médias, la promotion, et la formation, etc. Il y a également eu la mise en place de nombreuses structures au front, dont « Le comité de coordination et d'exécution » (CCE).

La diplomatie algérienne, chapotée par les médias, a commencé à jouer un rôle critique et fondamental qui s'est traduit par les déclarations des représentants du FLN et les conférences de presse tenues dans différentes capitales étrangères.

Les représentants du FLN à l'étranger ont également utilisé les médias des pays voisins pour souligner la percée et présenter la révolution algérienne avec ses objectifs et ses dimensions réelles. Pour cette raison, le Front a organisé des émissions de radio en arabe intitulées « La voix de l'Algérie », qui ont été diffusées dans les villes de Rabat, Tétouan et Tanger au Maroc ainsi qu’en Tunisie et au Caire. Ces programmes étaient encore diffusés même après la mise en place de la radio secrète de la révolution en Algérie en 1957. Il y avait aussi les radios des états voisins qui diffusaient les nouvelles de la révolution algérienne dans de nombreuses langues, en outre la radio secrète de « Budapest » qui diffusait ses programmes intitulés : « La voix de l'indépendance et de la liberté ». Ces émissions de radio ont bien servi la révolution algérienne, et c'était un moyen efficace de passer le rôle diplomatique aux dirigeants de la révolution algérienne. De plus, le Front de libération nationale a soutenu son système médiatique en publiant les deux journaux "Al-Moudjahid" en 1956 et "La Résistance Algérienne" en 1955, qui étaient des porte-parole du pour défendre l'ensemble de l'Afrique du Nord. En outre, grâce à ces activités culturelles, médiatiques et de sensibilisation, la révolution a pu présenter à l'opinion publique internationale une image intégrale de la lutte légitime du peuple algérien et a divulgué les crimes odieux de la colonisation et du droit du peuple à l'autodétermination. La diplomatie algérienne a également su frapper aux portes de l'Europe et des Nations unies à New York, aussi pour gagner l'enthousiasme des populations et leur conviction quant à l'équité du dossier algérien.

La première victoire diplomatique sur le plan international de la direction du Front de libération nationale fut probablement l'inscription de l'affaire algérienne à l'ordre du jour de la dixième session de l'Assemblée générale des Nations unies le 20 septembre 1957 qui a coïncidé avec la grève des commerçants en Algerie. Cet événement a également permis à la voix de l'Algérie de se faire entendre et de retirer l'affaire des mains des Français qui avaient toujours peur que ce genre de problèmes critiques se produisent et soient révélés au monde au moment où ils vantaient à leurs alliés que le dossier algérien est une affaire intérieure française.

Les victoires diplomatiques de la révolution algérienne contre le gouvernement français :

La diplomatie algérienne a remporté de grandes victoires contre le gouvernement français, notamment :

1 – Le rapport envoyé par le sénateur John Kennedy qui devint plus tard président des États-Unis d'Amérique, où il accusait la politique française devant le Congrès de sa position coloniale intransigeante et la politique établie par les États-Unis en la matière, qui a changé la façon dont les choses se passaient à travers le monde, en particulier dans les pays occidentaux.

2–Le 23 novembre 1960, un mémorandum est adressé par les parlementaires suédois au premier ministre demandant au gouvernement d'intervenir aux Nations unies pour arrêter les assauts français et trouver une solution pacifique au dossier algérien.

3–Les conférences de presse et les médias qui ont été recrutés par le Front pour l'opinion publique internationale contre la guerre française en Algérie, pour donner les chiffres des martyrs, des prisonniers, des incendies de terres et des camps de concentration qui ont procuré de véritables statistiques sur la destruction coloniale , et un réel aperçu des opérations militaires et génocidaires dans les villes et les régions montagneuses qui ont rendu l'ennemi instable et inquiet, ainsi que les communications directes avec les capitales du monde.

4- La mise en place des missions et délégations algériennes à l'étranger, dont l'une des tâches était d'élargir le travail du front politique, notamment en attirant l'attention du monde et en restant en contact permanent avec les corps diplomatiques des pays frères, amis et occidentaux, ainsi qu'avec les gouvernements centraux appartenant aux pays où il y avait un représentant de la révolution algérienne.

5-La mise en place du Gouvernement Provisoire de la Révolution Algérienne (GPRA) le 26 septembre 1958, qui fut l'un des aboutissements de la diplomatie algérienne dont la mission essentielle était de faire entendre la voix officielle du principal représentant du peuple algérien sur la scène internationale. En outre, Farhat Abbas, qui dirigeait alors le gouvernement provisoire, a organisé de nombreuses réunions et visites des délégations algériennes à l'étranger, notamment la visite de Pékin, Moscou, Belgrade, New Delhi et d'autres capitales des pays arabes frères et voisins. Ce gouvernement naissant avait également eu son premier travail diplomatique au sein de l'Entité des Nations Unies, où il avait fait entendre la voix de millions d'algériens concernant le référendum proposé par le général De Gaulle, alors président de la République française, le 16 septembre 1959.

6–La résolution prise par l'Entité des Nations Unies le 19/12/1960 (au cours de la onzième session) qui comprenait ce qui suit :

  • Premièrement : "L'Assemblée générale était consciente de l'accord des deux parties sur l'autodétermination comme base pour résoudre la question algérienne, et s'est mise d'accord sur ce principe".

  • Deuxièmement : L'Assemblée générale a confirmé l'absolue nécessité de mettre en place les garanties réelles qui assurent l'application du principe d'autodétermination avec succès et équité, sur la base de la reconnaissance de l'union régionale et de la sécurité de l'Algérie ».

7–La victoire diplomatique remportée au château fédéral de la ville suisse de Berne, après l'adhésion de l'Algérie aux conventions de Genève le 20 juillet 1960. Cette victoire a eu des répercussions majeures en raison de l'obtention de l'enregistrement par le gouvernement suisse des documents de l'adhésion du gouvernement provisoire algérien aux quatre conventions de Genève signées le 12 août 1949 sur les droits de l'homme. De plus, l'adhésion à ces conventions était considérée comme une grande victoire politique, diplomatique et juridique dans le contexte de l'époque qui semblait n'être à la portée d'aucun mouvement de libération à cette époque. Le nombre des partisans de l'Algérie en augmentait à chaque fois, alors que la position de la France régressait et devenait plus critique même face à ses alliés, ce qui les fit abandonner cette dernière. Finalement, l'isolement international dont souffrait la France a joué un rôle dans la politique française qui s'est trouvée obligée de revoir ses positions.