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La Phase d’Organisation et de Propagation 1956-1958

1-L'étape de régulation et d'approvisionnement 1956 - 1958

Les chefs de zones ont décidé de se réunir six mois après le déclenchement de la révolution, mais les circonstances les ont empêchés, les principales raisons étant l’imposition de l'état d'urgence sur l'ensemble du territoire national, en plus du martyre de Didouche Morad le 18 janvier 1955 lors de la bataille de « Boukerker » près d'Ismendo.

1.1.           Premièrement : Le congrès

Il s’est tenu le 20 août 1956. Certains chefs de zone ont assisté à la réunion alors que d'autres se sont excuses pour des raisons de sécurité. L'objectif de la réunion était de mettre un régime uniforme d'action militaire et politique pour toutes les zones. Il visait aussi à clarifier les objectifs de l'appel du 1er novembre et étudier les mises à jour des configurations politiques algériennes et des autorités françaises.

Ont participé à la réunion : Zighoud Youcef, Abban Ramdane, Krim Belkacem, Ammar Ouamrane, Amirouche, Larbi Ben M'hidi, Lakhdar Bentobal, et Mustapha Ben Aouda.

1.2.           Deuxièmement : Les décisions du congrès

De nombreuses décisions importantes concernant de nombreux aspects ont été prises :

A-   Les organisations politiques :

Le Conseil National de la Révolution Algérienne CNRA :

Ce conseil est considéré comme étant l’instance suprême et fait office de parlement de la révolution dans lequel tous les spectres étaient représentés à l’exception des communistes. Il comprenait 30 membres dont la moitié étaient permanents : Ait Ahmad Hocine, Farhat Abbas, Ahmad Ben Bella, Abban Ramdane, Youcef Ben Khedda, Larbi Ben M'hidi, Rabah Bitat, Mohamed Boudiaf, Saad Dahlab, Mohamed Khaidar, Krim Belkacem, Ahmad Taoufik Al-Madani, Zighoud Youcef, Mohamed Lamine Debaghine.

Les 15 autres étaient des membres adjoints : Abdelhamid Mehri, Mohamed Benyahia, Ammar Laskri, Ben Aouda, Ben Tobal, Boussouf, Mohamed Cherif, Slimane Dehiles, Ahmad Francis, Lamouri, Ahmad Mehsas, Ali Mellah, Ibrahim Mazhoudi et Tayeb Taalibi.

Le conseil tenait ses réunions à l'extérieur du pays. Son premier cycle fut déclenché en 1957 au Caire, le deuxième entre décembre et janvier 1959 à Tripoli, et le troisième en février 1962 en Tunisie. Les missions du conseil étaient les suivantes :

·        Orienter la politique interne et externe du FLN.

·        Le conseil était la seule instance qui avait le droit de prendre toutes les décisions cruciales souhaitées concernant le pays.

·        Seul le conseil avait le droit d'ordonner soit le cessez-le-feu, soit la poursuite de la guerre.

Le comité de coordination et d'exécution CEC :

Il représentait l'autorité exécutive de la révolution et était originairement composé de 5 membres : Larbi Ben M'hidi son dirigeant, Youcef Ben Khedda, Karim Belkacem, Abban Ramdane, et Saad Dahlab.

Ce comité était redevable devant le conseil national de la révolution algérienne dont les missions étaient les suivantes :

·        Exécuter les décisions du conseil national de la révolution algérienne, pour qui il était redevable.

·        La coordination entre les provinces, et entre l'intérieur et l'extérieur du pays. Il a opéré sur le territoire national au début, puis a dû être déplacé en juillet 1957 après le décès de Larbi ben M'hidi, et l'arrestation des dirigeants à l'étranger le 22 octobre 1956.

Le comité a également identifié ses missions dans le domaine politique comme suit :

·        Organiser et diriger le peuple.

·        Publicité et médias.

·        La guerre psychologique : tendre la main au peuple, à la minorité européenne et aux prisonniers de guerre.

·        Financement et approvisionnement.

·        L’administration et les conseils populaires : ces derniers étaient composés de 5 membres et leur président qui sont chargés de l'état civil, des affaires judiciaires, religieuses, financières, politiques, ainsi que de la sécurité.

Dans le domaine de l'organisation militaire :

Les organisations militaires :

Les organisations militaires étaient composées de :

L'Algérie était divisée en six provinces (Wilayas) de guerre, chaque province était divisée en zones, chaque zone en côtés, et chaque côté en secteurs

1.      Première province : Les Aurès, Nememcha

2.      Deuxième province : Le Nord de Constantine

3.      Troisième province : La Kabylie

4.      Quatrième province : La capitale Alger et sa banlieue

5.      Cinquième province : L'ouest algérien

6.      Sixième province : Le Sahara (désert)

L'organisation de l'Armée de libération nationale :

La création d'un corps d'état-major et d'un groupement d'intérêts militaires spécialisés dans les affaires militaires, sécuritaires, politiques, économiques et sociales. Ensuite, l'armée a été divisée comme suit :

1– Les moudjahidines : ils pratiquaient l’action armée en uniformes militaires.

2– Les sacrificateurs et les guérillas : Ils pratiquaient l'action armée avec l'uniforme civil, et leurs missions étaient d'organiser les opérations de génocide et de fournir à l'armée des informations, des nouvelles et différents services.

Organisation de l'armée en unités :

Il a été décidé lors du congrès de créer des régiments composés de 11 soldats dont un sergent et deux caporaux, ainsi que la moitié des régiments qui était composée de 5 soldats dont un caporal suppléant. Le groupe, quant à lui comprenait 35 soldats (trois régiments, leur chef et son délégué). Le bataillon était composé de 110 soldats (3 groupes et 5 hauts fonctionnaires). Le corps était formé de 350 soldats (trois bataillons et 20 hauts fonctionnaires)

Les rangs :

Ø  Caporal : qui se distingue par un signe V rouge inversé posé sur le bras droit.

Ø  Sergent : deux signes V inversés.

Ø  Sergent-Chef : Trois signes V inversés.

Ø  Adjudant : un signe V avec une marque blanche en bas.

Ø  Aspirant : une étoile blanche.

Ø  Sous-Lieutenant 

Ø  Lieutenant : une étoile rouge et une étoile blanche.

Ø  Capitaine : deux étoiles rouges.

Ø  Commandant : deux étoiles rouges et une étoile blanche.

Ø  Colonel : trois étoiles rouges.

Ø  Chef de la province : le colonel et ses adjoints au rang de commandants.

Ø  Chef de zone : un capitaine et ses trois délégués au grade de lieutenant.

Ø  Chef de camp : sous-lieutenant et ses trois délégués au grade de sergent.

Ø  Chef de secteur : un adjudant et ses trois délégués au grade de caporal.

Ø  Les signes sont une étoile et un croissant rouge sur le chapeau.

Bilan du congrès de la Soummam :

– Il a permis à la révolution de mettre en place un système de régulation politique et militaire globales.

– A clarifié la voie révolutionnaire auprès de l'opinion publique interne et externe.

– Cela a donné une nouvelle et grande impulsion à la révolution.

– Ce fut une victoire politique cruciale.

– Il a permis de combler les lacunes que la révolution a connues depuis son déclenchement.

L'évolution de la révolution de 1956 à 1958

Grâce au congrès de la Soummam, la révolution était plus cohérente et structurée, et s'est étendue sur tout le pays pour inclure la plupart des villes en plus du Sahara. De plus, l'armée de libération a encouragé les agriculteurs à augmenter leur production pour répondre aux besoins de la révolution. Elle a également ouvert des écoles, créé des hôpitaux et apporté une aide aux réfugiés et aux sinistrés.

À ce stade, la révolution mettait l'accent sur les quatre fronts suivants :

a- Poursuivre le Jihad sur le front conventionnel, les moudjahidines étaient donc sur une série de victoires consécutives dans les batailles, notamment : La bataille de la montagne d'Ammoura (octobre 1956), Collo (mai 1957), Bouzegza (août 1957), Tighrine-Akbou (octobre 1957), Timimoun (novembre 1957), montagne Al-Khaifa (mars 1958), et Annaba (1958) où 60 moudjahidine ont affronté des milliers de soldats français, ils en ont tué des centaines et abattu 3 avions pour 33 martyrs.

Par ailleurs, en octobre 1956, la France a détourné un avion de la Moroccan Airways qui effectuait un vol du Maroc vers la Tunisie, et a détourné les leaders de la révolution qui se trouvaient à bord, dont : Ben Bella, Ait Ahmad, Boudiaf et Khaidar, pensant qu'elle serait en mesure de détruire la révolution par cette piraterie. Elle n'a cependant pas affecté le chemin de la révolution dont le popularisme s'est clairement manifesté. Cette dernière a vu naitre des milliers de dirigeants en raison de la détermination du peuple algérien à gagner la liberté et l'indépendance.

Par conséquent, les Marocains ont contre-attaqué et tué un certain nombre de Français dans la ville de Meknès. La France a essayé d’atteindre l'arrière-garde de la révolution, en menant des raids agressifs sur le village de "Sakiet Sidi Youcef'' situé à la frontière tunisienne sous le prétexte d’un tir présumé sur son avion. Ceci a abouti à la mort de plus de 100 civils non armés.

b- La capitale a servi d'espace aux actions révolutionnaires avec un doublement des actions de guérilla. Ces dernières ont atteint leur apogée au cours des sept premiers mois de 1957, durant lesquels le martyr Larbi ben M'hidi a été arrêté et assassiné en mars 1957.

c- La visibilité de l'entité politique de la révolution sur la scène internationale a acquis une position digne d'un État, et la révolution a pu faire entendre sa voix et ses affaires jusqu'aux libéraux du monde et aux forums internationaux. Par conséquent, l'Assemblée générale des Nations Unies dans son onzième tour le 17 février 1957 et les 12 et 13 décembre 1957 a soumis des recommandations sur la recherche d'un règlement pacifique, démocratique et équitable de la question algérienne. De plus, le Front de libération nationale a participé à la conférence de Tanger au Maroc du 27 au 4 avril 1958 avec le parti indépendantiste (Maroc) et le parti constitutionnel (Tunisie) où il a obtenu le soutien des participants pour le principe de la mise en place d'un gouvernement intérimaire algérien.

d- Action politique en France pour attirer la communauté algérienne là-bas ainsi que de gagner la sympathie des autorités progressistes. En effet, c’était la première fois qu'une révolution déplaçait la guerre sur la terre de l'ennemi.