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La résistance d'Ain Torki 1901


1.     Introduction :

Le village d'Ain Torki est situé près de Miliana, sur les contreforts des monts Zaccar entre l'Atlas de Blida à l'est et les montagnes de Dahra à l'ouest. Au XIXe siècle, cette région est restée un foyer de tension en raison de la résistance populaire contre la cupidité des colons français et la politique de l'administration coloniale.

2.                 Raisons derrière la résistance d'Ain Torki :

Les historiens du colon ont tenté de déformer le soulèvement en mettant l'accent sur le sectarisme religieux et la sorcellerie accusant ses opérateurs. La vérité derrière la résistance d'Ain Torki remonte à de nombreux facteurs ; le premier est l'assujettissement colonial consistant en la confiscation des terres et des biens publics et privés. Le second est l'abus de l'administration coloniale dans l'application des lois indigènes et forestières.

Les événements de ce soulèvement se sont produits le 26 avril 1901, lorsque des centaines d'agriculteurs algériens ont attaqué une colonie européenne à Ain Torki, qui a été construite sur des terres confisquées au profit des pieds noirs. Les résistants ont donné aux colons le choix de partir ou de mourir. Cela a entraîné la mort de cinq européens. Afin de confirmer les intentions de leur résistance et de leurs protestations, ils n'ont commis aucun pillage, vandalisme ou agression contre les européens et leurs propriétés. Cependant, ce soulèvement a été confronté à une répression sévère après l'arrivée des forces militaires de Miliana le même jour.

3.                 Les Phases de la Résistance d'Ain Torki :

Le mouvement meurtrier mené par l'armée française contre les habitants de la région s'est soldé par la mort de 16 d'entre eux et d'un soldat français. Elle a été suivie d'arrestations massives de tous les hommes âgés de 15 ans et plus. 150 Algériens ont été arrêtés et recherchés par la police et la gendarmerie françaises pour connaitre les raisons du soulèvement.

Les colons ont exigé de renforcer la répression et d'armer les européens afin qu'ils puissent se défendre comme ils le prétendaient. Ils ont commencé à rédiger des pétitions et à les publier dans les journaux du colonisateur. Victor Dimentis a tenté de rassurer les pieds noirs en écrivant : « Les locaux ont reçu une leçon qu'ils n'oublieront jamais… ». Dans son livre « L'Afrique Economique » publié à l'occasion du centenaire de l'occupation, il décrit les événements de Miliana comme étant « causés par des bigots algériens dirigés par un charlatan qui pratiquait la sorcellerie ».

La réaction de l'homme politique français s'est scindée en deux opinions, les opposants au soulèvement de 1901 et les critiques de la politique coloniale française en Algérie. Le député au parlement français « Maréchal » a exigé d'armer les colons et de renforcer la surveillance pour renforcer la sécurité en Algérie, qualifiant les Arabes de « monstres à figure humaine ». En revanche, Florie Ravanelli critiquait la politique coloniale et la résumait en trois mots « oppression, répression et abolition ».

La presse française à Paris a dénoncé les abus de l'administration coloniale en Algérie et l'action des colons qui ont poussé les habitants à commettre ces actes, notamment le journal "L'Aube de la liberté" mais les journaux coloniaux en Algérie ont écrit de nombreux articles décrivant les Algériens comme criminels et ennemis pour inciter les colons à utiliser la force contre eux.

Ce soulèvement s'est soldé par la présentation de 125 rebelles à la justice, qui a ordonné leur transport vers la région de Montpellier pour s'occuper de leurs affaires. Les procès commencèrent le 11 décembre 1902, mais les condamnations ne furent prononcées que jusqu’au 08 février 1903, après de longues audiences présentées par le professeur amiral, l'avocat des accusés, contre la colonisation française de l'Algérie. 17 hommes sont décédés en prison et 81 ont attrapé différentes maladies, l'un d'eux est devenu aveugle en détention. L'ensemble du processus a abouti à l'acquittement de 81 suspects ouvrant la voie et le droit au retour ; Cheikh Yakoub, chef des rebelles a été condamné à perpétuité avec travaux forcés, mais il est décédé en prison en 1905.

Si les résultats de l'intifada étaient limités en interne, en externe ils avaient donné à l'opinion publique française suivant les débats, notamment les républicains, la réalité de la situation en Algérie et la souffrance de son peuple. Les colons étaient mécontents de l'issue des procès et ont exigé des armes pour obtenir leur justice, une justice qui les satisferait s que s'il s'agissait de condamnations à mort ou à perpétuité.