La résistance de Laghout
Les circonstances de la résistance dans la ville de Laghouat :
L'administration coloniale a œuvré pour répandre l'esprit de conflit et de division entre les chefs de tribus et les cheikhs des zaouias ; ce qui a entraîné une déstabilisation dans la région, et l'éruption d'intenses commotions au même moment où la flamme de la résistance de Zaatcha s'était allumée. Tous ces détails ont convaincu la France de l'importance de mener une campagne à Laghouat, à partir de Médéa. Le général « L'ADMIRAULT » fut officiellement désigné pour mener la mission en Mai 1851.
Le 3 juin 1851, une colonne française entra à Djelfa et des chefs tribaux comme le calife de Laghouat et l’Agha Cherif Bellahrech furent invités. Le dirigeant français prévoyait de nommer Bennaceur Benchohra comme calife de Laghouat au lieu d'Ahmed Ben Salem. Néanmoins, Bennaceur a continué à voir les Français comme des envahisseurs avides et a refusé de les servir, puis a rejoint Mouhamed Ben Abd Allah, qui était l'un des principaux symboles de la résistance sud algérienne contre la colonisation.
La chute de la ville :
Après son retour à Laghouat, Bennaceur Benchohra occupa un château de la ville. De son côté, en février 1852, le gouverneur général ordonna au général L'Admirault de marcher vers Laghouat avec une colonne de plus de 1500 soldats. Ce dernier arriva aux portes de la ville le 4 Mars, puis se dirigea vers Kasr el Hirane sans affrontements. Il y stationna un bataillon de l'armée et un groupe de spahis, puis retourna à Laghouat. La peur de la réaction algérienne était toujours présente chez les colons, au point qu'ils cherchaient à faire venir des unités supplémentaires de l'armée almoravide à Tiaret dirigée par le général Déligny.
De son côté, Mouhamed Ben Abd Allah s'est dirigé vers les alentours de la ville afin d’inciter les tribus à le rejoindre. Informé du mouvement du général L'Admirault, il se replia rapidement sur Tadjerouna près de l'Oued Zerkoun. Il a travaillé à rassembler plus d'hommes des tribus et à alimenter l'armée de tribus de Bennaceur Benchohra : "Ouled Sidi Atallah, Said Atba, El Mokadama Ourgla, Chaabna Mitlili, Ouled Amer Btemasin, Ouled Djelab et les gens de Mizab".
Cette union a fait peur aux forces françaises, c'est pourquoi elles ont confié à l'officier Collineau la mission de rassembler les divisions de l'armée pour être prêtes aux affrontements. Cherif Mouhamed Ben Abd Allah quant à lui, a continué à se rendre à Laghouat pour sensibiliser la population. Lorsque le général Youssef l'a découvert, il a utilisé toutes les techniques pour attirer les habitants de la région en échange de la vie de Cherif, mais il a échoué. Le gouverneur général a alors décidé d'intervenir militairement pour frapper Laghouat et l'assujettir. Cinq colonnes ont été mobilisées et conduites par le général Pélissier.
Tous ces préparatifs faisaient croire à une guerre imminente, et en effet les combats se sont déclenchés le 3 Décembre, avec différentes lignes de front visant à faire tomber Laghouat. Le lendemain, l'attaque se poursuit et les forces françaises sont parvenues à se positionner dans des bastions et ont pris la mosquée comme salle d'opération. La bataille a entraîné la mort du général Bouscaren; qui fut remplacé par le colonel Clair en coordination avec le général Youssef pour mener à bien la mission d’invasion de la ville. Le combat s'est intensifié dans les ruelles et même dans les maisons, l'armée française a fait des ravages importants et les moudjahidines ont fait preuve de force et de sens politique dans leur résistance. Pendant ce temps, l'artillerie s'est concentrée sur la destruction des murs de la ville pour permettre l'incursion de plus de militaires français qui occupaient les hauteurs de la ville.
Les affrontements ont longtemps duré et se sont terminés par la chute de Laghouat. De terribles massacres one étés commis contre les citoyens. Marchant sur leurs crânes, le général Pélissier célébra sa victoire. De beaux tapis couvraient les sols de la ville où il a déjeuné, a félicité ses officiers et a nommé le colonel Clair commandant en chef de Laghouat. Les habitants qui ont survécu ont pu se retirer, tels que Cherif Mouhamed Ben Abd Allah, Bennaceur Benchohra, Yahia Ben Maamer et Teli Ben Lakhel. Ils ont réalisé que l'affrontement manquait de parité militaire, surtout compte tenu du nombre de victimes, qui dépassait les 2500 martyrs ; sans oublier les blessés qui ont été capturés par les soldats français, afin qu'ils puissent finir leurs massacres. Le processus a duré plus d'une semaine dans le but de vider les poches de la résistance dans différentes régions. Du côté français, il y a eu une soixantaine de morts comme le général Bouscaren, qui y a été enterré, et le commandant de la légion Moran en plus d’un nombre important de blessés.
Résultats de la résistance :
La chute de Laghouat était une victoire pour la France. Cet évènement fut considéré comme étant un grand pas pour s’étendre dans le désert algérien et de le subjuguer. En outre, il visait à :
Assujettir les Mozabites et les forcer à passer par Laghouat.
Contrôler l'approvisionnement des entrepôts et imposer des taxes aux habitants du Sahara.
Isoler les tribus Ouled Nail et Larbaa au-delà du mont Amor.
Transformer Laghouat en un centre de gestion et de contrôle du commerce au plus profond du Sahara.
Considérer la région comme point de départ de l'expansion française au Sahara algérien.
Toutefois, la résistance menée par Bennaceur Benchohra et Mouhamed Ben Abd Allah s'est poursuivie au même rythme, entravant l'expansion française du désert, surtout après que cette résistance ait abouti à une explosion de la résistance des Ouled Sidi Cheikh et à l'émergence de Mouhamed Ben Toumi dit Chérif Bouchoucha.