La période d'extermination 1958-1960
La phase de la guerre génocidaire après 1958 :
Au fil des ans, les gains et les victoires de la révolution algérienne se sont multipliés, et il était clair que le colonisateur était incapable de l'éliminer. De plus, les différents partis français (armée - gouvernement - centenaires – partis politiques) ont commencé à s'accuser mutuellement de l'échec. Le 13 mai 1958, les deux généraux Salan et Massu ont mené un coup d'état militaire contre le gouvernement français demandant aux autorités de céder le pouvoir a De Gaulle. Par la suite, le parlement français a appelé le général à la retraite et lui a donné l'autorité le 1er juin 1958. De Gaulle a exigé d'importants amendements constitutionnels qui ont donné au président de la république une autorité étendue, et ainsi la quatrième république s'est effondrée et la cinquième a été établie.
Un : Les solutions radicales « éradicationnelles »
Elle reposait sur deux axes, l'un principal, et l'autre secondaire ou complémentaire, qui sont:
L'axe de la guerre génocidaire :
De Gaulle a désigné le 12 décembre 1958 le général Challe comme chef d'état-major succédant à Salan, et a décidé d'intensifier les procédures militaires contre le peuple algérien et sa révolution par de nouvelles méthodes infernales qui correspondent à la stratégie de la politique militaire qui consiste à :
A/ La mise en place et l'application du schéma Challe qui comprenait la conduite d'opérations généralisées avec la participation de forces majeures contre des zones sélectionnées pour balayer et détruire ses infrastructures pour ensuite y faire son chemin et la mettre sous contrôle total, et c'est ainsi que cette étape a connu des opérations génocidaires monstrueuses, notamment :
- L'opération d'étincelle dans les montagnes d'El-Hodna en juillet 1959.
- L'opération du télescope dans le Djurdjura, de juillet à novembre 1959.
- L'exploitation des pierres précieuses au nord de Constantine en juillet 1959.
- L'opération marathon d'avril 1960 contre les territoires tunisiens sous prétexte de frapper les unités de l'Armée de libération.
- Opération Al-Mahas dans les montagnes Daya d'avril à mai 1960.
- L'opération Prometheus au sud d'Oran de mai à septembre 1960.
- L'opération Zeer à Al-Wancharis de juillet à août 1960.
B/ Maintenir l'encerclement des frontières algériennes avec la Tunisie et le Maroc à l'aide de fils électriques et barbelés pour réaliser la ligne Challe parallèlement à la ligne Maurice sur nos frontières Est.
C/ Renforcer le contrôle et intensifier l’oppression dans les villes, apportant des machines de torture développées et désignant des groupes de parachutistes pour contrôler la capitale.
D/ L'extension des zones interdites dans les campagnes, faisant vivre les habitants dans des camps de concentration jusqu'à ce que leur nombre atteigne 2,5 millions en 1960, et l'escalade de la guerre psychologique à leur encontre.
E/ Essayer de répandre des traîtres dans les rangs de la révolution.
F/ D'autres actions, telles que l’empoisonnement de l'eau et la fourniture des moudjahidines avec des outils insidieux comme des munitions explosives pour les tuer. Au cours de cette étape, de nombreuses batailles ont eu lieu, notamment La bataille d'Akfadou (15-17 octobre 1958), la bataille de Berouaguia (3 janvier 1959), et la montagne de Mzi (6 mai 1960). Par ailleurs, Amirouche et Al-Hawas ont été assassinés (28 mars 1959) et la France fait exploser sa première bombe nucléaire à Reggan (13 février 1960).
L'axe des tentations et des manœuvres : Il se manifeste par :
A/ Essayer d'établir une troisième force : la France a essayé d'établir une force avec des caractères conventionnels et adverses de la révolution pour être un adversaire du Front de libération nationale lorsqu'il représente le peuple algérien.
B/ Le projet Constantine : Lors de sa deuxième visite en Algérie (2-5 octobre 1958), De Gaulle a fait une proposition visant à absorber le ressentiment des Algériens en prétendant que la révolution comme avait commencé pour des raisons financières. Par conséquent, la création d'emplois et des projets économiques et sociaux pousserait les Algériens à abandonner la révolution. Le projet comprenait la fourniture d'emplois à 115 000 Algériens, la création d'habitations ainsi que des projets économiques et sociaux, en plus de vendre des terres aux Algériens à crédit pendant cinq ans (1959-1963).
C/ Introduction de la paix des braves : C'était le 23 octobre 1958, et elle stipulait la remise des armes des moudjahidines en échange de leur pardon et de la reconnaissance de l'identité algérienne.
D/ Le projet du droit à l'autodétermination et l'Etat algérien : Le 16 décembre 1959, De Gaulle propose ce projet qui consiste à choisir entre une république algérienne unie à la France, et une république séparée, en divisant le nord de l'Algérie en deux zones, l'une appartenant aux colons (les zones riches), et l'autre pour les musulmans, mais le désert appartiendrait toujours à la France.
Deux : L'étape des solutions réalistes :
Malgré tout ce qui a été généré par la politique militaire de De Gaulle de victimes et de vandalisme, la révolution a survécu et les Algériens ont fait face au plan infernal Challe avec patience et foi. Les crimes commis n'ont pas affaibli leur volonté, au contraire ils ont aggravé les pertes liées à la guerre pour la France. L'opinion publique française a commencé à s’inquiéter car ils ne pouvaient plus tolérer de sacrifices. De plus, les extrémistes français (surtout les militaires et les centenaires) se plaignaient publiquement de la politique de De Gaulle, donc la France était bifurquée entre l'Algérie et la cinquième république qui risquait de s'effondrer, surtout lorsque les centenaires et une partie de l'armée française en Algérie dirigée par "Massu" le 24 janvier 1960 s'est rebellée en raison de la reconnaissance par De Gaulle du droit des Algériens à l'autodétermination. Dès lors, De Gaulle isole « Massu », affronte l'insurrection et tue 25 Européens.
De Gaulle a finalement acquiescé aux négociations et aux compromis en raison de ces développements, le soutien international de la révolution aux dépens de la position française, la détérioration des relations entre la France et le monde arabe, puis les manifestations du 11 décembre 1960, donc la quatrième étape de la révolution a commencé, qui est le stade des négociations et de l'indépendance.
Trois : La stratégie de la révolution face à la tactique de De Gaulle
La révolution a répondu à la politique de De Gaulle, comme suit :
– Faire face au plan Challe par la réduction des effectifs des unités militaires, adopter la guerre des embuscades, et multiplier les opérations de guérilla.
– Mener une campagne sur la ligne Maurice depuis 1958, puis plus tard sur la ligne Challe pour empêcher la France d'étrangler la révolution malgré les pertes causées par la campagne. A cet égard, la bataille de "Ain Al-zana" (Nord de Souk Ahras) s'est déroulée du 2 au 14 juillet 1959.
– S'engager dans une action armée en France, c'est-à-dire transférer la révolution sur le territoire français.
– Annoncer la mise en place du gouvernement intérimaire de la république algérienne depuis le Caire le 19 septembre 1958, pour être le représentant légal, le porte-parole officiel du peuple algérien et le chef de la révolution politiquement et militairement. Son premier président était « Farhat Abbas », et il était composé de :
Krim Belkacem (vice-président et ministre des forces armées), Ben Bella (deuxième vice-président), Ait Ahmed, Rabah Bitat, Boudiaf, Khider (ministres d'État), Mohamed El-Amine Debaghine (ministre des affaires étrangères), Mohamed Cherif (armes et approvisionnements), Ben Tobal (ministre de l’intérieur), Boussouf (communication publique et renseignement), Ahmad Francis (affaires économiques et financières), Taoufik Al-Madani (culture), Ben Khedda (affaires sociales), Mohammed Yazid (information), Mehri ( affaires maghrébines), Mustafa Istambouli, Al-Amin Khan, Omar Seddik (secrétaires d'État), outre l'état-major de la guerre, et un comité ministériel pour la défense.
– L'annonce du gouvernement intérimaire depuis novembre 1959, de son approbation de négocier avec la France sous réserve de la reconnaissance de l'identité algérienne, et de préserver l'intégrité territoriale algérienne y compris le désert, et à ce sujet, les manifestations du 11 décembre 1960 avaient comme slogan « L’Algérie l’indépendante et l’unie »