La résistance de Lalla Fatma N’Soumer
Lalla Fatma N'Soumer n'ignorait pas les développements qui se déroulaient autour d'elle dans la région, elle était au courant des mouvements français à Tizi Ouzou entre 1845-1846, et Dellys en 1847. Lorsque l'armée française lança une campagne contre la région, elle fit preuve d'un grand courage. Elle a sauvé Boubaghla du village de Soumer après sa première confrontation avec le général français "Messiet" à Tazerout, mais ils se sont retirés après cette violente bataille en raison de l'inégalité des forces en nombre et en équipement. Le général a dû traverser deux zones difficiles : Tchikiret et Thérée Bouiran.
Boubaghla a participé à cette bataille et a été blessé. Lalla Fatma l'a sauvé et s'est tenue à ses côtés ; ils sont restés à Beni Yenni pour inciter au Jihad. Elle l'a aidé dans la plupart de ses batailles, comme la bataille d'Oued Sebaou le 7 avril 1854 contre les forces françaises dirigées par le général Wolf ; où Fatma N'Soumer fit preuve de bravoure et remporta d'autres victoires dans les régions de (Iylelty, Tehlijet, Nath, Bourdja, Touritet Moussa, Tizi Bouaiber).
Elle a prouvé que la direction des résistances algériennes ne comprenait pas que des hommes, les femmes y ont aussi participé avec tout le pouvoir dont elles disposaient. Elle continua la résistance même après la mort de Chérif Boubaghla, et mena plusieurs batailles contre les Français notamment : Bataille d’Icheriden le 24 juin 1857 à Larbaa Nath Irathen. Toutefois, l’l'inégalité de pouvoir a abouti à la défaite des rebelles, ils reculèrent et se barricadèrent dans les montagnes du Djurdjura. Peu de temps après, ils ont formé des groupes de moudjahidines pour suivre l'armée française coupant leurs voies de transport et de ravitaillement.
En raison des batailles constantes de la grande résistante et de sa valeur croissante, les forces françaises ont eu peur de ce danger. Ils lui ont alors préparé une armée dirigée par le maréchal Randon qui s’est dirigé vers les villages d'Ait Tsouregh et d’Icheriden, où se trouvait Fatma N'Soumer, avec 7000 hommes et quelques femmes. L'affrontement a débuté le 11 juillet 1847, mais malgré la forte résistance des rebelles, les Français ont eu l'avantage vu l'inégalité des forces. La bataille se termina par la mort de 44 soldats français dont deux officiers, et 327 blessés dont 22 officiers. Après quelques négociations, le combat s'est arrêté à quatre conditions :
- Le redéploiement des troupes françaises hors des villages et des agglomérations.
- Le non-paiement des impôts.
- La non poursuite ni la punition les chefs de la résistance.
- La protection des personnes et des biens.
Les négociations ont été menées par le maréchal Randon du côté français et de Si Taher du côté algérien. Le maréchal Randon a fait semblant d'accepter les conditions, mais il a ordonné l'arrestation de la délégation algérienne dès sa sortie du camp. Il ne s'est pas arrêté là, et a envoyé le colonel Faucheux au village de Tikhlijet Nath Atsou pour capturer Lalla Fatma N'Soumer, alors il l'a arrêtée ainsi que quelques femmes. Selon les sources, l'armée française a confisqué plusieurs propriétés au cours de cette bataille ; ils ont volé des bijoux de femmes, 50 fusils et 150 livres scientifiques et religieux.
Lalla Fatma fut éloignée vers la zaouia de Beni Sulaiman près de Tablat, sous la surveillance du bachagha Taher Ben Mohiédine, y demeurant six ans jusqu'à sa mort en septembre 1863, à l'âge de 33 ans.